Rééquilibrage du lit de la Loire
Entre mi-2011 et début 2013, sous la maîtrise d'ouvrage du GIP-Loire Estuaire, la Sté Hydratec a réalisé une étude qui avait pour objet d’élaborer un programme opérationnel d’intervention concernant un objectif général de restauration de l'équilibre morphologique du lit mineur et des fonctions écologiques assurées par ce lit ainsi que l'amélioration des conditions de connexion des annexes hydrauliques.
Les résultats de cette étude fondamentale mettaient en évidence la poursuite de la dégradation du lit de la Loire si aucune action n'était engagée et que deux zones devaient faire l'objet d'une intervention prioritaire :
- le secteur de Bellevue en faisant en sorte que les granulats ne soient pas "aspirés" vers l'estuaire,
- le secteur Ancenis-Oudon où le fond du lit est surcreusé avec pour conséquence l'abaissement important de la ligne d'eau et aussi une situation favorable à la poursuite de l'érosion régressive du lit.Un premier programme d'actions 2014-2023 a été élaboré par V.N.F. en prévoyant quatre opérations à réaliser sur les trois secteurs prioritaires qui ont été identifiés par l’étude Hydratec.
- la reconstitution fonctionnelle du secteur de Bellevue
- la modification des écoulements dans le secteur d'Ancenis, dans le bras de l'ile Neuve Macrière, l'engraissement du bras principal et le remodelage des épis
- la reconfiguration des seuils du Fresne tout en en sauvegardant les effets bénéfiques
(voir lettres N°55 de sept 2013 et N° 59 de sept 2015)
Finalement, en juin 2015 a été adopté un contrat pour la Loire et ses annexes (2015-2020) entre l'Etat, la Région, V.N.F. le GIP-LE, le CEN-PdL au sein duquel le programme de rééquilibrage du lit de la Loire est estimé à 42 M d'euros financés par le FEDER, la Région, l'Agence de l'Eau et V.N.F. C'est dans le cadre de ce contrat que se poursuivent les actions engagées par V.N.F. dès 2014.
Ce court rappel donne à penser que ces dossiers n'évoluent pas rapidement, ils progressent cependant et, début juillet, un état d’avancement a été présenté par V.N.F. et les bureaux d'études en charge des projets.
Le secteur de Bellevue.
Les différentes interventions réalisées par le passé ont contribué à augmenter la pente de la ligne d'eau en favorisant l'évacuation vers l'aval du sable charrié par la Loire. Il s'agit donc de recréer une zone de ralentissement de l'écoulement de l'eau avec des aménagements créant une perte de charge diminuant la vitesse du courant et favorisant les dépôts de sable à l'amont. Naturellement, ces aménagements ne doivent pas rehausser les niveaux en période de crue.
Plusieurs scénarios ont été envisagés et, actuellement, deux ont été retenus pour être soumis à des études plus approfondies.
Le scénario B consiste en une contraction latérale, avec îlots, et le chenal en rive gauche. Le scénario C consiste en une contraction latérale, avec ou sans îlots, et le chenal en rive droite. Bien des évolutions sont encore possibles, en particulier l’extension longitudinale du projet pour améliorer la progressivité des effets et inclure, plus ou moins, les piles du pont .
Un modèle numérique du fleuve est réalisé entre Mauves-sur-Loire et l'Ile Beaulieu afin d'appréhender les lignes d'eau en fonction des débits et des aménagements envisagés. Il en sera de même pour les transports sédimentaires.
Devant la complexité du problème à résoudre, il s'avère nécessaire de compléter les connaissances théoriques obtenues par la modélisation en ayant recours à un modèle physique qui consiste en la réalisation tridimensionnelle, à échelle réduite, du lit de la Loire afin de vérifier le bien-fondé des résultats de la modélisation numérique.
Ce modèle physique, d'environ 40 m de long, est réalisé et fait l'objet d'études comparatives entre ce qui se passe actuellement en vraie grandeur et ce qui est simulé dans le laboratoire. Après calage des lois de transport solide et optimisation de l'état de référence, ce modèle permettra de vérifier les écoulements hydrauliques et sédimentaires obtenus avec le projet d'aménagement retenu et de définir une optimisation de celui-ci.
Le coût estimé de l’opération est de l’ordre de 20 M. d’euros et les travaux sont envisagés en 2019 et 2020.
Le secteur Ancenis
Entre Oudon et Anetz, l’enfoncement du chenal est particulièrement important et, pour rétablir une certaine continuité de la pente de la ligne d’eau, il convient de rehausser le fond par des apports de matériaux. Pour ce faire, il sera procédé, comme cela a été réalisé entre La Pointe et le Pont de l’Alleud, au remodelage des épis, en longueur et en hauteur, pour favoriser la mobilisation des granulats stockés entre les épis.
La seconde intervention, dans ce secteur, concerne le bras nord de l’Ile Neuve-Macrière qui est complètement ensablé pour des débits inférieurs à 800 m3/s et contribue, de ce fait, à surcreuser le bras sud. Il s’agit de résoudre deux problèmes particulièrement difficiles : évacuer le sable accumulé dans le bras nord et accumuler des matériaux dans le bras sud pour rehausser le fond.
Le bras nord est obturé par une chevrette et plusieurs scénarios ont été envisagés depuis une totale suppression de celle-ci, une échancrure conséquente en son milieu et un abaissement concave de celle-ci. Cette dernière hypothèse semble devoir être retenue et elle serait accompagnée par le creusement d’un chenal, en aval de la chevrette, pour amorcer les écoulements et l’auto dragage du bras.
Pour le bras sud, il est envisagé l’implantation de platures, constituées par un enrochement du fond du lit pour favoriser les dépôts de sable. Il reste à déterminer le dimensionnement de celles-ci, leurs emplacements et le gabarit des matériaux utilisés. Là aussi, il sera fait largement appel à une modélisation hydro-sédimentaire du secteur pour s’assurer du bien-fondé des hypothèses retenues.
Les seuils du Fresne-sur-Loire
Dans ce secteur, deux actions ont été retenues. La première concerne les deux seuils du Fresne-sur-Loire qui présentent d’importantes dégradations des boudins en géotextiles placés à leur sommet. Ces seuils, qui datent des années 2002-2003, ont eu pour effet un engraissement du bras principal, en amont, et une réalimentation du bras sud, dit Bras du Cul de Bœuf. Si ces objectifs ont été atteints, les boudins géotextiles, jugés inesthétiques, ont fait l’objet de nombreuses critiques et leur dégradation n’a pas amélioré leur image.
Après moult hypothèses, y compris celle de construire un troisième seuil, le démontage des boudins a été adopté et devrait être engagé durant l’automne 2017.
Afin de préserver la répartition des débits entre le bras principal et le bras sud, il est aussi envisagé d’intervenir sur les épis de la rive gauche en procédant à leur remodelage de manière à favoriser les écoulements dans le bras du Cul de Bœuf. L’étude est en cours.
Conclusion.
Au stade actuel des avant-projets sommaires il est difficile d’analyser plus en détail chacune des opérations car il est nécessaire que les options soient affinées et que soient réalisées des études plus approfondies pour définir les choix à effectuer. Lorsque les dossiers de chaque solution retenue seront arrivés à maturité, nous espérons disposer, avant enquête publique, d’informations plus substan- tielles pour pouvoir les analyser en détail.